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Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Mer 25 Mai - 15:34
Violet
Violet
7
23/05/2022
La mort vous va si bien - Championne Poison
Prismopolis, 14h49. Les regards se tournent vers le spectacle terrible qui s'offre à la vue des passants. Tous frémissent et tremblent. Les plus peureux se figent sur place, incapable de réagir. Le commun des mortels hurle et s'enfuit, tombant parfois à la renverse dans leur escapade désespérée. Les plus courageux, quant à eux, continuent leur chemin, l'air de rien, et font mine de ne pas remarquer ce qu'il se passe sous leurs yeux d'apparence stoïque, mais qu'une goutte de sueur trahit le long de leur tempe.

Au rythme impitoyable battu par ses talons hauts martelant le sol, le spectacle infâme à l'origine de cette angoisse générale apparait à l'angle d'une rue dont le sol translucide lui-même semble trembler.

Une femme, grande et belle, les yeux couvert par des lunettes rondes et noires, elles-mêmes enveloppées par l'ombre d'un chapeau violet à bord larges. Très large même. Interminable. Elle porte une robe moulante du même teint qui l'enlace jusqu'aux mollets et qui libère ses épaules nues dans un déluge de plumes et de froufrous. Le long de son buste, un sautoir doré assorti aux milles losanges de verre qui ornent son couvre chef en teintant au rythme de sa démarche. Un observateur attentif pourra remarquer, sur l'ultime bijou qui descend éhontément dans le creux de la poitrine de la belle une Méga-gemme.

Nulle raison d'avoir peur d'une telle apparition, pensera le lecteur insouçiant. Mais la réelle explication de l'effroi qui accompagne cette silhouette se trouve le long de ses bras : trois sacs immenses remplis de mille autre sacoches et sachets plus petits et plus bariolés qui trahissent la raison de l'apparition monstrueuse en ces lieux. Cette raison qui fait d'elle une créature féroce, orgueilleuse, belle oui, mais surtout mortelle et capable des plus viles bassesses et des plus immondes violences pour obtenir ce qu'elle désire. Le montre se révèle au monde:

Une femme sortie faire du shopping.

Après quelque mètres d'une démarche soutenue, noble et hautaine, ponctuée par le cloc-cloc-cloc incessant de ses chaussures noires à semelle rouge, Violet s'arrête et se tourne vers la vitrine qui lui fait face. Les vendeuses tremblent. Il est de leur devoir de tenir le fort, de se sacrifier pour apaiser la bête, leur vie toute entière les a mené à ce moment crucial de leur existence. La plus fragile des deux s'évanouit. L'autre s'effondre en larmes derrières son comptoir à la seconde où la sorcière détourne son attention de la vitrine et disparait de leur champs de vision. Elle déposera sa démission le soir même.

Elle tourne l'intérieur de son poignet en direction de ses yeux pour lire l'heure sur sa petite montre. Ses lèvres noires et brillantes forment une moue indécise puis elle change de cap, tourne à l'angle d'une autre ruelle, descend avec une maestria improbable une petite série d'escalier, et se dirige sans une once d'hésitation vers la terrasse d'un café. Elle arrive à la hauteur de l'établissement et s'installe à la première table disponible. Un homme, genou à terre, main sur l'écrin, sur le point de demander sa femme en mariage, observe la nouvelle arrivante et oublie la raison de sa venue ici. La gifle qui s'ensuit le force à quitter les lieux aussi sec, trainée par le bras de sa future-ex-moitié.

Penaud, un serveur s'approche:


"B.B.B.B.B..B.BB.B.B.Bonjour et BBbB.bB.b.bBb.bienvenue au ...B.B.BBienvenue au Mankey Bar... Q.Q.Q.Q. que puis-je pour v..." Il n'a pas le temps de finir sa phrase que la femme ôte impatiemment ses lunettes et le fixe. Il sursaute.

"Un thé vert, une madeleine et une bouteille d'eau je vous prie."

La formule de politesse finale n'est là que pour la forme. Le ton de sa voix laisse à penser qu'elle n'a pas à prier qui que ce soit pour avoir ce qu'elle veut.

Cette séance de shopping est loin d'être terminée, mais pour l'heure elle a besoin d'un remontant. Nul ne sait ce que la journée lui réserve.


Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Jeu 26 Mai - 1:00
Asmoday
Asmoday
18
17/05/2022
El Tango de Roxanne

Du shopping, mais en voilà une délicieuse idée pour passer un après-midi ensoleillé dans la capitale.

Une des grandes particularités de l’avenue commerçante de Prismopolis, c’est sa disposition au combien originale qui lui offrait non pas une, mais bien deux extrémités. Au bout de l’une, la beauté fatale venait de prendre ses quartiers, le temps de déguster un thé et de terroriser quelque âmes en perditions. De l’autre, un spectacle tout aussi inédit mais d’un genre néanmoins différent était en train de se dérouler.

Les passants ralentissent leur allure pour observer cette vision que nul n’aurait pu imaginer et encore moins décrire à la seule force de ses mots. La bouche des hommes s’ouvre béatement, de toutes parts les yeux s’écarquillent, les visages rougissent tantôt outrés, tantôt admiratifs et les esprits se vident l’espace d’un court instant.

Mais qui est elle ?

De minces filets de sang s’échappent parfois de narines masculines, happés trop tôt par la vision pour s’en offenser comme les autres.

Je ne l’ai jamais vu ça !
C’est un scandale…


Quelques femmes portent une main tremblante à la figure de leurs voisins ou progéniture, réalisant trop tard que l’image resterait sans doute gravée dans leur propre mémoire. De toutes part, des inspirations choquées restent bloquées dans des trachées pudibondes.

C’est incroyable !
Mais vous avez vu ça ? Mais c’est un scandale !


Un homme d’un âge certain s’arrête, porte la main à sa poitrine et tentant de trouver une inspiration qui ne rejoignit jamais ses poumons, s’effondre sur le sol translucide. Son épouse reste scotchée sur l’apparition et ne lui adresse pas un regard. Ses échos viennent cependant rejoindre ceux des autres.

C’est scandaleux !
Mais on hallucine…


Une chevelure d’argent paraissant luire sous l’éclat d’un soleil pâle en comparaison se détaille alors que sa propriétaire l'envoie flotter d'un revers de main théâtral, s’avançant à contre courant dans la grande rue. Elle ne marche pas, elle flotte, non elle danse une valse dont elle seule entend les accords, chacune de ses enjambées gracieuses semblant rebondir sur un nuage d’égo et de provocation. Un body de satin enlace le corps de la jeune femme, sa teinte sombre contrastant avec la carnation de perle de la jeune femme. Son décolleté séditieux, rehaussé de dentelle noire est laissé à la vue de tous. Seul un blazer couleur de ténèbres à la coupe ample et longue vient couvrir les atours de la demoiselle avec la conviction d’un soldat déjà vaincu. Un ras-du cou de satin et d’argent, de longues boucles pendantes et torsadées ainsi qu’une paire de bracelets font écho à cet assortiment délicat. Au bout de son nez repose une paire de lunettes de soleil à la monture dorée aussi fine que ses verres miroirs en étaient imposants. Un petit sourire satisfait et suggestif arrondit les lèvres de la jeune femme qui ne semble pas se soucier des commentaires et indignations des foules et se contente d’offrir quelques oeillades malicieuses aux plus méritants.

Sur les jambes de l’apparition, de gracieuses roses d’or aux épines cruelles se devinent au travers des bas de dentelles.

Derrière elle marche une cizayox qui aurait pu la dépasser en stature si elle n’avait pas été perchée sur des plateformes de cuir noir. La carapace d’acier du Pokémon renvoie des éclats écarlates sur les boucles cendrées de sa dresseuse qui s’avance toujours au gré de ses envies. Envies qui finissaient dans des boites et des sacs de papier glacé que la stoïque mante borgne transportait à bouts de bras sans en paraitre encombrée pour autant.

Le chemin de la charmante dame la mena à croiser celui d’un couple qui semblait se remettre difficilement d’une situation tendue. L’homme en chemise à carreaux bleus et à la mine perturbée semblait à peine revenir à ses esprits alors qu’une femme, qui devait sans doute s’apparenter à sa future-ex-moitié, le tractait par le poignet loin de la cohue du bas de l’avenue. Alors que le couple dépassait la demoiselle en blazer, l’homme revint à ses esprits, activa les fonctions primaires de son cortex cérébral et se tourna pour arracher à cet instant fugace une ultime image de la créature scandaleuse. Sifflant sans émettre de son, il ne sentit même pas l’arrêt que marqua sa partenaire, le visage contorsionné par l’indignation et l’incrédulité de son comportement.

Mais qui est elle ?
Non mais je rêve…

Arrivant à ce qui semblait être sa destination, la jeune femme croisa un serveur qui tenta maladroitement de se mettre sur son chemin pour l’empêcher de s’installer à la terrasse du café. Le mankey bar était établissement respectable après tout qui ne pouvait cautionner une telle tenue. Mais alors qu’il cherchait ses mots, rougissant au fur et à mesure des phrases qu’il abandonnait avant même de les finir, la cliente sortit de son décolleté un copieux billet qu’elle lui glissa dans le col de sa chemise avant de prendre place à la table de son choix. Comme si de rien était, sa cizayox se mit à disposer les différents paquets autour de leur propriétaire. Tant perturbé par la tiédeur de l’argent que par la somme qui venait de lui être alloué, le serveur piétina quelques instants avant que la voix de la femme ne le ramène sur terre.


- Pour moi ce sera une pêche meltan, un verre d’eau gazeuse et un café serré. Elle abaissa ses lunettes et adressa un regard par le dessus de ses verres au serveur. Mer-ci.

Puis sans vraiment se soucier du départ gauche de l’employé, elle attrapa d’un revers de la main la carte du lieu qu’elle se mit à détailler en attendant sa commande. Une activité comme une autre qui cachait son visage au reste de la terrasse autant qu’elle cachait le reste de la terrasse à son regard. Pour le moment du moins. Et toujours on entendait des échos bourdonner non loin de la terrasse.

Scandale !

Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Jeu 26 Mai - 17:20
Violet
Violet
7
23/05/2022
La mort vous va si bien - Championne Poison
Avant de nous intéresser au haussement de sourcil sceptique dont Violet gratifia la nouvelle arrivante, incapable de dissimuler que, toute belle que soit cette illustre inconnue, elle n'en n'était pas moins d'une vulgarité extrême et clairement d'une valeur inférieur à sa propre personne; intéressons-nous à Bruce Pato.

Bruce Pato était un jeune homme... neutre. Il n'avait jamais brillé par ses études ou par son intellect. Ni beau, ni laid, ni peureux, ni courageux. Il était l'archétype même du type moyen. Pas tant au niveau de sa classe sociale, mais au niveau de son être le plus absolu. Il avait les cheveux bruns et courts, les yeux marrons, il mesurait 1m75, pesait 80kg, et sa voix n'était ni grave ni aigüe. Il avait passé ses diplômes avec 11/20 dans toutes ses matières, n'avait eu que des relations amoureuses de 10 mois, et pour parfaire l'aberrante banalité de son existence, il ne s'habillait qu'en M et chaussait du 43. Si Bruce Pato avait une saveur, ce serait "eau tiède du robinet après une séance de sport en été".

Bref, Bruce Pato, c'était l'archétype absolu du "personnage de fond" dont nos esprits agrémentent les histoires que d'autres nous racontent. Par exemple, si votre sœur vous narre l'incendie auquel elle a assisté la semaine dernière, mentionnant que "les gens prenaient des photos avec leurs portables", et bien "les gens" auraient tous la tête de Bruce Pato.

Le but de ce préambule était avant tout de rappeler que si Bruce Pato n'avait rien d'extra-ordinaire à son sujet, il n'avait pour autant rien de honteux. Il n'était pas malhonnête, ni drogué, ni fainéant, rien. Juste terriblement ordinaire. Le problème, dans une région comme Lyndis, c'est que les gens ordinaires ne brillent pas des masses. On recherche des rêveurs, des spécialistes, des personnalités, des hommes et des femmes de caractère, qui veulent forger leur avenir et l'avenir de la région, qui souhaitent rejoindre un camp et se battre pour leurs idéaux. Hors, Bruce Pato n'était rien de tout cela. Bruce Pato, il voulait travailler dans des bureaux, être oublié du monde, se marier et avoir des enfants avant 40 ans, prendre sa retraite à 65, profiter de ses derniers jours avec un petit jardin et un chien, et mourir sans faire de bruit.

Du coup, le nombre de métiers disponibles à Lyndis pour ce genre de profil n'étaient pas légions. Et ça n'est qu'après moult CV envoyés à droite-à gauche qu'il avait réussi à trouver un boulot de serveur au Mankey Bar, établissement respectable mais ni particulièrement chic ni particulièrement populaire de Prismopolis. Et jusque là, il avait toujours fait son travail à peu près bien. Il ne se trompait pas (trop) dans les commandes, il ne se cassait (presque) jamais la figure au service et il ne se faisait (que rarement) mal voir des clients. En un mot il était impossible qu'il ait un jour une promotion, mais malheureusement il était impossible à renvoyer.

Que son patron s'en réjouisse ou non, cette opportunité avait peut-être frappé à la porte de son bar ce jour-là. Car Bruce Pato avait dû prendre successivement les commandes de deux entités au charisme aussi écrasant qu'il était insignifiant. Il était, à sa grande surprise, parvenu à ne pas fléchir ni à prendre ses jambes à son cou à leur arrivée, et il avait même noté les commandes sans (trop) trembler. Mais au moment de sortir du bar pour déposer les deux petits plateaux sur les tables respectives, le tout avec le plus de vivacité et de discrétion possible, il ne se rendit pas compte qu'il avait inversé le thé de la belle, noble et respectable dresseuse et le café de la péripatéticienne d'en face.

Bruce Pato s'était réfugié à l'intérieur, derrière le comptoir, avant que quiconque n'ait eu le temps de le remercier.

Violet s'étonna de l'absence de sachet dans sa tasse, mais ses petites lunettes noires ne lui permirent pas de distinguer l'erreur de son contenu. Haussant les épaules d'un air résigné, elle porta la tasse à ses lèvres.

Ses lunettes tombèrent le long de son nez alors que les cristaux de verre de son chapeau s'affolèrent dans un tintement cristallin. Son air haut, noble et propre sur elle se défigura dans une grimace pixarienne.

Le geyser de poison noir qui jaillit aussitôt de sa bouche se dirigea droit devant elle, là où était assise l'inconnue qui venait d'arriver.


Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Mar 31 Mai - 18:31
Asmoday
Asmoday
18
17/05/2022
El Tango de Roxanne

Avant de reprendre la passionnante narration des évènements extraordinaires qui se déroulaient au mankey bar, une petite précision s'impose. La tenue qu'arborait fièrement la jeune femme aux cheveux d'argents pouvait effectivement porter à confusion sur son choix de carrière et il était légitime de faire l'erreur. Néanmoins, il faut savoir que lorsqu'une jeune femme porte un vêtement ultra révélateur, à la limite de l'atteinte à la pudeur et ce de façon assumée et irrévérencieuse, deux cas de figures sont à distinguer. Si ledit vêtement s'avère être de pauvre facture, usé, vieux, voire ces trois critères à la fois, alors en effet, il s'agit d'une fille de joie de profession. En revanche, lorsque la même jeune femme, porte le même vêtement ultra révélateur, à la limite de l'atteinte à la pudeur et ce de façon assumée et irrévérencieuse, mais que ledit vêtement s'avère être neuf, de bonne fabrique et signé de la griffe d'un créateur hors de prix, alors on ne parle plus de péripatéticienne mais d'égérie. Simple question de point de vue et de sémantique.

Ainsi, la demoiselle était toujours occupée à détailler par le menu... et bien le menu, c'était le cas de le dire, lorsqu'une partie de sa commande fut déposée à la hâte devant elle sans même qu'elle n'ai le temps de constater ce dont il s'agissait. Elle posa alors la carte pour observer ce qui venait de lui être déposé. C'était étrange, la tasse paraissait grande pour un café et il n'y avait pas la moindre trace d'un spéculos ou d'un petit chocolat pour accompagner la boisson. Une erreur impardonnable s'il en était puisque tout le monde sait que le seul intérêt à payer un café en terrasse le double voire le triple de sa valeur, c'était pour avoir la satisfaction de la ridicule gourmandise qui l'accompagnait. De plus en plus méfiante, la jeune femme avait attrapé l'anse de sa tasse et la soulevait pour en analyser le contenu de plus près lorsqu'elle fut déconcentrée par le geyser qui venait de s'activer en face d'elle. La femme qui en était à la source était d'une beauté terrifiante, suffisamment pour qu'un sentiment de jalousie mal placé vienne titiller l'esprit de compétition de la gradée prismatique. La femme venait tout de même de recracher l'équivalent d'une généreuse gorgée de café droit devant elle en tirant une tête de six pieds de longs, le genre de hauts faits qui aident à relativiser sur sa propre situation en général. Sa table était maintenant maculée de café baveux et après un rapide examen, elle ne semblait pas avoir été touchée par les projections. Son blazer était noir de toute façon, même si elle était tachée ça ne se remarquerait qu'à peine. Par contre, la soucoupe de la tasse ainsi que la serviette en papier qu'elle contenait avaient été ruinés. Un petit sourire moqueur à peine dissimulé s'était tout de même dessiné sur le visage d'Asmoday qui murmura à un volume volontairement bas mais audible en tournant vaguement la tête vers son pokemon.


- Certaines personnes ne tiennent pas leur poison on dirait...

Et bien que sa mante tentait de lui faire signe de ne pas achever son mouvement et de ne pas porter sa tasse à ses lèvres, la demoiselle le fit quand même, tant pour savourer sa petite remarque que le goût de sa boisson. Mais à son regret et sa surprise, le contenu était certes chaud mais fade. Très fade. Trop fade. Inspirant d'un coup sec sous le coup de l'étonnement, une partie de l'eau chaude qu'elle venait de goûter partit faire une petite visite de ses bronches plutôt que de rester sagement dans sa trachée. Reposant la tasse dans la précipitation, elle eut un premier haut le coeur qui lui laissa le temps d'envoyer la main vers sa serviette en papier avant que l'air ne lui manque. Malheureusement pour elle, le petit morceau de papier absorbant avait été anéanti par le jet de café de sa voisine. Voisine à qui elle envoya une œillade rancunière après avoir réalisé que la serviette ne lui serait d'aucun secours. L'air lui manquant et ses reflexes reprenant le dessus, elle pivota de moitié pour tousser comme une perdue vers l'arrière de sa chaise, crachant au sol le reste de la gorgée qu'elle n'avait pas pu avaler, un poing fermé sur le coté de sa bouche pour camoufler le désastre. Une fois sa quinte de toux passée, elle retrouva calme, dignité et respiration et comme si de rien n'était, elle retira ses lunettes de soleil, en coinça une branche dans son décolleté et se leva de sa chaise en époussetant sa veste. Elle laissa la garde de ses affaires à sa pokémon, se dirigeant vers l'endroit où se retiraient les serveurs, passant à coté de la table de la femme au café. L'air calme et imperturbable qu'elle arborait semblait un brin en décalage avec la cadence sèche de ses pas alors qu'elle pénétrait dans l'espace intérieur du bar. Ca et le fait qu'elle avait encore en main la tasse d'eau chaude, ou du moins ce qu'il en restait. Ses yeux balayèrent la salle à la recherche de quelqu'un qu'elle ne trouva pas à première vue, faisant grandir la gêne des serveurs et clients présents. L'un fixa par reflexe le coin où s'était planqué son collègue, juste le temps d'un coup d'œil, presque rien. Un presque rien qui suffit à attirer l'attention de la demoiselle plantée au milieu de la salle avec sa tasse et qui souriait à en faire peur.

Arrivant au niveau du bar, elle pris son appui sur le comptoir pour réussir à se pencher assez bas au delà du plan  de travail et attraper un pauvre Bruce Pato par la cravate. Le bougre ne semblait vraiment, mais vraiment pas à l'aise du tout, sans doute imaginait t'il les pires scénarios. Par exemple, la jeune femme lui envoyant le contenu de sa tasse à al figure, lui brulé au second degré, licencié avant d'avoir des congés maladie, sa femme le quittant à cause de sa brûlure le défigurant, les frais médicaux à payer, obligé d'hypothéquer sa maison, de vendre...


- Je ne crois pas que ce soit un café.
- No-no-j-je... vous, enfin, c'est que...
- Goûtez.

Première surprise, il n'était pas brûlé. Seconde, la dame ne criait pas. Troisième il n’était pas encore au chômage. Bizarre. Confus, il porta la tasse a ses lèvres et goûta l'eau chaude. Evidemment c'était de l'eau chaude, devenue tiédasse avec tout ce qui s'était passé donc forcément ce n'était pas bon. Il allait reposer la tasse lorsque la jeune femme bascula un peu plus le récipient pour en déverser le contenu et le forcer à boire en disant.

- Non, non, non faut tout finir maintenant.

Il termina contre son gré les quelques gorgées restantes posant la tasse devant la dame l'air hagard. Elle lui indiqua, toujours sur le même ton posé et poli.

- Servez moi un nouveau thé maintenant.

Oh oh, c'était plus en plus étrange. Mais il n'était qu'un employé et si ça lui évitait de se faire virer et brûler... Il reremplit la tasse d'eau et posa un sachet de papier à coté. La dame s'en empara, le glissa dans sa poche sans l'ouvrir et reposa ses coudes sur le comptoir pour installer son menton sur le dos de ses mains croisées. Elle ordonna avec un sourire aimable.

- Maintenant, buvez.
- Mais, je...
- Combien je vous ai donné tout à l'heure ?
- Je... Combien vous...euh... 20.000 poké$ ?
- Oooh, ça va en faire des thés ça... dit-elle d'un air faussement contrit. Bu-vez.

L’air de la dame n’était pas menaçant mais son regard brillait d’un éclat indescriptible et il ne serait pas difficile de comprendre que la phase de négociation n'était plus ouverte à ce pauvre petit Bruce. S'en était à espérer pour lui que la propriétaire de la seconde commande qu'il avait ruiné se montrerait plus miséricordieuse envers lui.
Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Jeu 2 Juin - 11:53
Violet
Violet
7
23/05/2022
La mort vous va si bien - Championne Poison
Violet jeta un regard noir (ohoh) à """""l'égérie""""" qui lui faisait face. Les énergies cosmiques n'attendirent toutefois pas longtemps pour lui rendre justice, car elle aussi s'étouffa avec sa boisson. Mais alors que la championne Poison affichait un sourire satisfait et s'apprêtait à accompagner le crachat de son café par le crachat de son venin, son opposante se leva de table et pénétra dans le café bar.

Oui. Si vulgaire que soit cette égérie de Bad Dragon, elle avait raison. La source de leur malheur était bien à l'intérieur de ce bâtiment. D'un geste brusque et théâtral la femme se releva, renversant sans ménagement la chaise sur laquelle elle était assise, et dégaina un petit mouchoir brodé qu'elle utilisa pour s'essuyer délicatement les lèvres avant de resserrer son chapeau sur sa tête et de suivre la camarade de son malheur. A peine fut-elle entrée dans le Mankey Bar qu'elle put constater du châtiment que cette dernière était en train d'infliger au pauvre Bruce Pato.

Violet s'avança à la hauteur de l'égérie de Playboy, mains sur les hanches, lunettes accrochées au point le plus bas de son décolleté, et observa. Après quelques secondes de silence elle tourna la tête vers l'autre serveur à l'attention duquel elle claqua des doigts en lui faisant signe de venir "au pied". Le bruit de déglutition qui en suivit fut si fort qu'on eut cru un instant que c'était lui qui était occupé à boire du thé à répétition.


"Combien aurait dû me coûter ma commande?" Demanda-t-elle sans quitter le pauvre Bruce Pato des yeux.

"heu...je... heu... il faudrait que je calc..."

"Grosso modo?"

"En...Environ 8...800 pokédollars je dirais?..."

Elle sourit, plongea la main dans les tréfonds d'un de ses sacs de course et en sortit un billet de 10.000. Le regard rivé vers sa victime, elle ajouta :

"Ce pauvre chéri va avoir faim après avoir autant bu. Ramenez moi l'équivalent de ce billet en madeleines."

Le serveur jeta un regard désolé à son partenaire et s'exécuta. Les yeux de Bruce imploraient Violet de faire preuve de clémence, mais ils ne furent accueillis que par le masque narquois d'une femme de pouvoir qui réclame vengeance. Un masque implacable à la vue duquel Giratina lui même se serait recroquevillé dans ses dimensions infernales plutôt que d'y rester confronté trop longtemps.

Le chariot de madeleines arriva. Il pliait quasiment sous le poids de ce qu'il portait.

Violet en saisit une et la porta à la bouche de sa proie.


"Ouvre grand."

...

Du point de vue du pauvre Bruce Pato, la fin était proche. Deux succubes démoniaques le toisaient, prêtes à lui infliger les pires sévices envisageables (et pas de ceux que l'on veut subir lorsque deux succubes démoniaques vous toisent d'ordinaire), dans un environnement devenu glacial dans lequel il n'avait aucun allié.

Très bien. Qu'à cela ne tienne. Il ferait face à son destin. Lui, Bruce Pato qui n'avait jamais brillé de sa vie, ce jour là, il saurait faire face! Il ressortirait grandi de cette aventure, ou il n'en ressortirait pas! Son regard flamba d'une lueur nouvelle, ses poings se resserrèrent et il releva la tête. Elles voulaient sa peau? Elles l'auraient. Mais pas sans un combat dans lequel il mettrait toute son énergie, toute son âme, toute sa vie!

Il saisit la madeleine...

...ET LA MANGEA.

Puis but cul sec la tasse de thé brulante qui avait à peine eut le temps d'infuser. La toux douloureuse qui s'en suivit lui fit regretter ce choix aussitôt. Mais à peine avait-il repris ses esprits qu'une nouvelle pâtisserie au beurre le narguait à quelques centimètres de son visage. Il la prit. Et la mangea. Ainsi que la suivante... A ses côtés, son collègue remplissait d'eau chaude la tasse où le même sachet gisait, mou et informe comme le cul de l'autre greluche. Il mangeait. Il buvait. Il mangeait. Il buvait. Et plus il mangeait, plus son ventre le faisait souffrir. Et plus il buvait, plus sa gorge criait au supplice.

Violet passait un moment charmant.

Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Jeu 9 Juin - 19:50
Asmoday
Asmoday
18
17/05/2022
El Tango de Roxanne

Le plan d'Asmoday était parfait à son goût : suffisamment cruel pour laisser des souvenirs mais pas assez pour trop attirer l'attention. Certes quelques curieux avaient tourné leur regard vers le comptoir du bar, avide de savoir si d'une part le pauvre serveur souffrirait son châtiment sans reculer et d'autre part si la furie qui le lui faisait subir aurait la bonté de ne pas le faire durer trop longtemps. Ceci dit, ces derniers qui n’avaient aucune envie de prendre le moindre risque au nom de l’altruisme ou de la charité, gardaient le silence où retrouvaient leur conversations d’un air le plus naturel possible.

Seul bémol, un bruit de talons claqua rapidement dans le dos de la jeune femme. Quelqu’un venait d’entrer, et pas n’importe qui apparemment. Un demi-reflet et la cadence des pas suffit à laisser deviner à la jeune femme qu’il s’agissait de la beauté froide qui lui avait servi de voisine de table quelques minutes plus tôt. Elle ne la connaissait pas mais elle posait deux problèmes à la demoiselle aux cheveux cendrés. Déjà elle aurait pu lui faire de l’ombre si elle n’avait pas eu l’air aussi aigre, et ensuite, si quelqu’un ici devait avoir la carrure pour l’empêcher d’exulter sa vengeance, la mégère était la candidate idéale. Pinçant les lèvres, elle s’apprêtait à recevoir une remarque grinçante pleine de bons sentiment à laquelle elle répondrait sur un ton équivalent, les bons sentiments en moins. Mais cette remarque n’arriva jamais, au contraire. Voilà que l’inconnue se prêtait à son manège à sa manière, au grand damne de Bruce dont les yeux plaintifs regrettaient de ne trouver nulle part de soutient. Haussant simplement un sourcil en guise de manifestation de surprise, elle ajusta très légèrement son positionnement pour conserver sa posture sans pour autant paraître avachie.  

Elle observa l’échange de sa compagne de mésaventure avec le second employé et ne masqua pas son sourire alors qu’elle intimait à Bruce d’ouvrir la bouche pour y glisser une madeleine. Impossible de savoir si la jeune femme était amusée à la pensée de voir son supplice gagner en relief ou à l’idée qu’elle visualisait beaucoup plus la dame proposer des pommes à des princesses que des madeleines aux serveurs. Elle devait tout de même admettre qu'elle était agréablement surprise à l'idée que la rombière accepte de jouer le jeu. C'est qu'elle en avait presque l'oeil qui brillait la coquine. Voyant l’éclat de courage dont faisait preuve leur triste victime elle eu de nouveau du mal à masquer son amusement.

- Mais, on dirait qu’il y prend goût non ?

Bruce enchaînait les tasses et les madeleines avec un aplomb sans faille. Enfin, quoi que, avec failles vu la tête qu’il tirait. Qu’avait il pu faire dans cette vie ou dans une autre pour mériter ça ? Aucun événement marquant ne lui venait en tête pour justifier d’un pareil châtiment. A voir les deux femmes un tout autre type de supplice aurait pu l’attendre. Son imagination repartit à toute allure sans qu’il ne puisse la contrôler. Une nouvelle bouchée sucrée, suivie d’une goulée brûlante. Elles devaient avoir un plan en tête, ce n’était pas possible. Encore une gorgée. Est ce qu’elles allaient le kidnapper ? Pour lui faire subir toutes sortes de sévices ? Une madeleine lui assécha la bouche. Il s’y voyait, ligoté dans une chambre sombre et froide, et humide. Pourquoi est ce qu’il était tout nu ? Et pourquoi y avait le seul reptile du livre de la jungle qui se rapprochait dangereusement de ses pieds ? Comme si c’était une sorte de commission interdite ? Il entendit une voix.

- Allez on avale et on reprend, le rythme est bon mais faut pas faiblir si vite !

S’en était beaucoup trop pour le pauvre homme qui dans un sursaut brioche imbibé d’eau chaude tourna de l’œil et s’effondra derrière son comptoir sous l’air abasourdi de ses collègues. La demoiselle en blazer se pencha de nouveau pour apercevoir le type tombé dans les pommes et lança sur un ton plein de flegme à l’attention de la dame aux madeleines.

- Il a pas l’air bien, faudrait lui donner à boire ou à grignoter… ça pardonne pas les chutes de sucres quand on travaille debout toute la journée.
Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Ven 10 Juin - 18:09
Violet
Violet
7
23/05/2022
La mort vous va si bien - Championne Poison
Violet acquiesça d'un air entendu. La carcasse tremblante de leur victime ne lui procura pas vraiment de sentiment désagréable. Ni dégoût, ni culpabilité. Après tout, il avait osé se tromper dans sa commande. Et ca, ca méritait tous les supplices du monde. Alliant le geste à la parole de sa camarade d'offense, la Championne suppléante s'accroupit, ouvrit du bout des doigts la bouche du corps inanimé et y fourra toutes les madeleines qu'elle put. Elle ne manqua pas d'essuyer ses mains dans la chemise du malheureux avec un rictus écœuré. Ca, ca la gênait vraiment.

"A...Arrêtez je vous en prie! Il va y pass..."

"Thé."

Coupa-t-elle net sans regarder le serveur qui venait de se manifester. Elle tendit la main dans sa direction. Le pauvre homme fit une prière silencieuse pour son collègue et, en fermant les yeux de honte face à la couardise de son acte, obéit en donnant la théière tout juste chaude et remplie à Violet. Qui versa la boisson dans l'orifice buccal gorgé de madeleines qui lui faisait face.

Toute la boisson.

De la fumée jaillit des tréfonds de la gorge de cette oie sacrificielle gavée par les sorcières de Lyndis. Violet s'assura que l'intégralité de la théière soit vidée avant de se relever.


"Bien. Je crois que nous en avons fini. Pourrais-je enfin avoir mon thé et ma madeleine maintenant je vous pr..."

La femme fut interrompue. Interrompue par un son dense, profond, et assourdissant. Un son qui venait du sol, derrière elle. Elle pivota sur ses talons et haussa un sourcil en direction de Bruce. Le corps du malheureux fut pris d'un spasme. Rien d'inhabituel pour un homme mourrant gavé aux madeleine et au Earl Grayninja, se dira le lecteur attentif, mais ce spasme avait quelque chose d'étrange en lui. Il diffusait avec chacune de ses impulsions une onde de non-bruit d'une densité effrayante dans toute la pièce.

La plupart des gens pensent que l'inverse du bruit, c'est le silence. C'est faux. Le silence n'est que l'absence de bruit. Pour comprendre ce qu'est le non-bruit il faut imaginer une onde sonore qui se propage exactement comme les autres, mais qui a la particularité d'absorber toutes les autres sur son passage. Essayez d'envisager une conversation avec votre tante Estelle qui vous raconte que son petit dernier vient "de perdre sa troisième dent à la petite souris hier soir." , eh bien si un défilé techno de non-bruit passait derrière vous à ce moment là, vous entendriez "de pe---sa tro---eme d--- a la peti--- soir.", et ce sans qu'aucun autre son ne couvre le témoignage de cette chère Estelle. Vous pourriez aussi vous faire la remarque que ce nouveau discours est sans doute plus intéressant que l'original.

Voila ce qui émanait du corps de Bruce. Des pulsations de non-bruit. De plus en plus rapides, de plus en plus rapprochées les unes des autres. Le corps qui tremblait vaguement fut prit au bout de quelques secondes de telles pulsations, d'un telle frémissement qu'il se recroquevilla sur lui même.... avant de se détendre d'un coup net dans une explosion de lumière qui se déversa jusqu'à l'autre bout de la rue et ne manqua pas d'éblouir toute l'audience du Mankey Bar pendant de longues secondes.

Puis, la vue leur revint. Et nul ne put croire ce qui se tenait devant eux.

A la place où gisait jusque là Bruce Pato se tenait un homme grand, musclé, à la carrure impeccable et au corps d'Apollon. Au passage, ses vêtements étaient totalement tombés en lambeaux. Son visage était celui de Bruce, mais il y était poussé une moustache si grandiose, si flamboyante, qu'elle aurait rendu le Dr. Robotnik profondément jaloux. De même, ses cheveux, jusque là châtains comme nous l'avons décris plus tôt, avaient poussés en de longues mèches dorées qui s'écoulaient jusqu'à ses mollets. Et sans faire exprès, il flexait, tenant son poignet droit dans sa main gauche et gonflant les biceps comme si ca lui était aussi vital que de respirer. Des biceps qui ressemblait désormais à des melons dans des sacs de toile. Violet connaissait ce phénomène. Elle l'avait observé de nombreuses fois dans sa carrière. Mais elle n'aurait jamais cru y assister dans ces conditions.

Bruce Pato avait évolué.


"L'avenir m'appelle."

Déclara-t-il en regardant l'horizon. Son regard refléta dans l'assistance le reflet de la lumière du soleil, et on jura pouvoir entendre un "ting". Il s'avança, nu comme un ver, posa sa main sur les épaules de Violet et d'Asmoday, et sans détourner le regard se contenta d'un :

"Merci d'avoir cru en moi. Je ne l'oublierai jamais."

Et il sortit, le regard plein d'espoir et le coeur plein d'ambition.


....



".... OK, qu'est-ce qui vient de se passer au juste?"

Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Mar 14 Juin - 16:56
Asmoday
Asmoday
18
17/05/2022
El Tango de Roxanne

Lorsqu'Asmoday s'était réveillée ce matin là, elle n'avait pas envisagé une seule seconde que son après-midi se déroulerait de la sorte et elle adorait ça. Bruce non plus n'avait pas dû anticiper une pareille tournure des évènements et il devait bien moins en profiter. Son supplice touchait sans doute à sa fin de toute manière et la demoiselle en blazer admirait avec quelle main de maitre la simple et banale théière de faïence blanche devenait une arme de destruction massive dans les mains de sa camarade de jeux. Joignant les mains devant son visage, elle tapotait la pulpe de ses doigts tendus les uns contre les autres à une fréquence qui témoignait sans mal de son excitation face à la scène, un cliquetis de bijoux suivant chaque à-coup rapide. C'était bête et méchant mais aussi terriblement divertissant. Lorsque l'autre femme eu terminé de vider la théière, la spectatrice cessa de battre des mains et les garda jointes et tendues sur le coté de son visage, comme si elle admirait une oeuvre d'art ou un petit ponchiot tout mignon. Voyant la jeune femme se relever, elle sortit un smartphone, de sa poche cette fois, pas de son décolleté, et s'accroupit à son tour à coté du corps inerte du serveur. Elle activa la caméra frontale, tendit le bras et se contorsionna pour réussir à trouver un angle qui lui permettait de capturer sa tête, sa main avec laquelle elle faisait un V à l'horizontale, ainsi qu'un maximum visage farci aux pâtisseries et à l'eau chaude de Bruce. Elle comptait bien suivre l'exemple de sa consœur de torture, à savoir réitérer sa commande une fois ses clichés pris mais le destin en décida autrement. Le premier selfie fut à peu près réussi, mais lorsque son auteur indécise pris la décision d'en faire un second, elle captura la surprise sur le visage d'Asmoday dans un flou de mouvement, surprise que le spasme de la victime venait de lui déclencher. Elle se releva dans un sursaut instinctif et rétablit son équilibre non loin de la sorcière aux madeleines, l'air aussi perplexe qu'elle ne l'était.

La cizayox, restée dehors depuis tout ce temps, ressentit une première onde. Puis une seconde. La troisième ne l'avait pas atteinte qu'elle s'était élancée vers l'entrée du Mankey Bar pour s'assurer que sa propriétaire ne soit pas concernée par cette occurrence de mauvaise augure. Au moins, qu'elle en soit à la source, pas la victime. Et effectivement elle trouva les deux voisines de table en train d'observer un homme à terre duquel s'élevaient ces vagues de non-bruit à intervalles de plus en plus régulier.


- Tout va bien, je crois ! Retourne dehors avec le monde qu'il y a, quelqu'un doit rester pour garder les sacs. Il y en a pour une fortune, et on sort juste de chez Jourgio Armannoui !

Enfin ça c'était ce que la propriétaire de la mante avait tenté de dire et ce qu'elle était certaine d'avoir dit. Peut être que la femme qui se tenait à ses cotés avait entendu la même chose du fait de sa proximité avec l'émettrice de cette phrase. Mais en ce qui concernait l'insecte écarlate, de là où elle se trouvait, elle n'avait entendu que des bribes de paroles entrecoupées de non-bruit ce qui avait donné quelque chose comme :

- Tout -------- le monde ---- re--- gard----. Il ----- Jou------ ui !

La mante borgne cligna de l'oeil, déboussolée, et s'écarta sans comprendre et surtout, sans chercher à le faire. Il restait des cas de figures sur terre où l'ignorance était salvatrice. A peine cet échange fût il achevé que le serveur au sol entrait dans la phase finale de sa transformation, déversant sa lumière divine dans l'enceinte de l'établissement. La demoiselle en blazer qui ferma les yeux une seconde trop tard, eut l'impression que ses rétines entraient en phase d'autodestruction, des larmes perlant au coin de ses yeux délicats alors qu'elle battait des paupières pour atténuer l'éclat blanc qui avait imprégné son champ de vision. Lorsque la vu lui revint, elle pensa quelques secondes que la déflagration avait été mortelle. Elle n'en croyait pas ses yeux, yeux qui perdirent toute sensation douloureuse à l'instant où ils se posèrent sur le corps de l'Adonis. La jeune femme ne savait pas vraiment où poser son regard, en un point ou partout à la fois, et peinait à réfléchir concrètement. C'était à croire qu'un écran bleu provoqué par un afflux d'hormones avait pris toute la place dans son esprit.

Elle se reprit lorsque la voix de l'œuvre d'art vivante raisonna tant dans la salle que dans le cœur de toutes les personnes présentes. Enfin, par se reprendre, elle réussissait de nouveau à penser avec des syllabes. Pas des mots, juste des syllabes. Quelque chose du genre "ihzbkhqliqqn,qfktsuftskjz fKHSkhzgcdsku", dialecte de miaouss sur un clavier quoi. Il lui fallut quelques secondes supplémentaires pour qu'enfin, la capacité de raisonner comme une personne normale lui revienne et... Il posa sa main sur son épaule, nouvel écran bleu. Plus court cette fois, heureusement pour elle. Elle avait achevé son reboot mental suffisamment vite pour répondre à la question qui lui était posée.


- J'en ai aucune idée... Mais c'était tellement beau. Elle observa tour à tour ses mains et celles de son interlocutrice. Les rumeurs étaient donc vraies, nous avons le pouvoir de changer les hommes et ce par la force de...

La salle resta pendue aux lèvres de la demoiselle, espérant entendre que l'amour ou l'amitié viendrait amener la conclusion parfaite à cette épopée rocambolesque. Une happy-ending bien méritée. La consécrations des valeurs universelles. Mais la réalité, selon Asmoday, était toute autre.

- DU SADISME PUNITIF NON CONSENTI. Un grand "haaaan" déçu traversa la salle. Elle se tourna vers sa camarade. Nous possédons une grande force, un pouvoir unique. Et un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Vous savez ce que ça veut dire ? Elle se retourna vers les serveurs restants et leur cria d'un ton autoritaire. Emballez moi ces madeleines à emporter, nous avons une croisade à mener.

Et elle plaqua un poing fermé contre son cœur, faisant balloter son sein sous sa veste. Un des employés tomba dans les pommes et l'autre se mit à pleurer tout en sortant un sac en papier pour y empiler les madeleines toujours présentes sur le chariot à roulettes. Tout pour que ça cesse et que ces harpies s'en aillent.
Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Mer 15 Juin - 22:11
Violet
Violet
7
23/05/2022
La mort vous va si bien - Championne Poison
Violet était resté les bras branlant durant toute l'évasion de Bruce. Elle n'avait pas pu s'empêcher de se demander si le soleil se couchait dans l'ombre de sa silhouette les quittant pour l'horizon , alors qu'il n'était même pas seize heures. Elle avait été toute aussi inerte et insensible au discours plein d'espoir de sa comparse alors que tout le restaurant s'émerveillait, les larmes aux yeux, devant de si belles paroles...

...jusqu'au twist de fin bien sûr.

Couvrant les "haaan" déçus de la pièce, la Championne Poison serra les poings, se retourna vers l'Egérie de Jackie & Michel, et clama un "YESSSS!" suintant d'une euphorie dont elle ne se serait elle-même jamais cru capable. Le sourire qui défigura son visage jusque là si sobre et raffiné affichait une dentition qui n'aurait eu aucun mal à mâcher la carapace d'un Galéking comme s'il s'était s'agit d'une motte de beurre. Imitant sa camarade, elle pointa le doigt vers le même serveur et ajouta :


"Ajoutez-y toutes vos théières remplies ainsi que tous vos sachets de thé!"

Le serveur, un jeune homme du nom de Prousse Bateau, ne vit là que l'opportunité de faire fuir ces deux furies et s'exécuta aussi sec. Il ne prit même pas le temps de vérifier si tout l'argent accumulé depuis le début de l'après midi suffirait à couvrir cette dépense. Il voulait juste qu'elles partent. Ce qu'elles firent. A peine les chariots furent-ils remplies que les deux succubes jaillirent du Mankey Bar, les jupes fouettant leurs mollets et leurs sourires carnassier prêt à dévorer le monde, du thé et des madeleines devant elles, un Cizayox dans leur dos. Le rire mauvais qui jaillissait de leur sillon eut donné froid dans le dos aux spectres de Shakespear et fait hausser un sourcil aux vieilles femmes de Pratchett.

Il y eut un moment de flottement dans le café. Un des clients finit son chocolat et mit 3 étoiles sur Trip Tritosor avec pour commentaire: "clairement les animations sont fake, on voit les effets et ils pourraient engager des comédiens plus crédibles".

Déboulant dans les larges rues de Prismopolis avec leurs sacs et leurs nouvellement découvertes armes de destruction, d'évolution massive, les deux sorcières scindaient les groupes de passant qui avaient le malheur de croiser leur chemin sans chercher à ralentir leur course effrénée.


"Par quoi on commence?! On trouve un autre serveur ou vendeur pour tester la théorie, ou on va directement au stade d'au dessus avec un banquier ou un notaire?"

En dépit de son impatience, Violet n'oubliait pas qu'essayer de reproduire ce qui venait de se passer sur un athlète ou un pompier risquait d'avoir des conséquences nucléaires sur la planète. Il fallait procéder avec méthode. Une méthode libidineuse, certes, mais avec méthode tout de même.
Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Mer 29 Juin - 11:52
Asmoday
Asmoday
18
17/05/2022
El Tango de Roxanne


Quelle vision que celle ci : deux jeunes femmes d'une beauté sans égale et aux tenues difficilement ratables qui batifolaient dans les rues de la capitale, les bras chargés de sacs de madeleines pour l'une, un caddy chargé de trop nombreuses théières pour l'autre. Sans oublier le pokémon de la première qui tentait de suivre l'allure tout en transportant les shopping bag de sa propriétaire. Elles avaient des expérimentations à mener, pour le bien de la science évidement et par pur altruisme pour ce que pouvait devenir la gente masculine. Leurs yeux scannaient la foule comme s'ils avaient subitement été équipés de rayons X. Les passants quant à eux, bien que parfois curieux, ne paraissaient pas décidés à s'arrêter voir ce que les deux grâces avaient à proposer ou à offrir. Les plus sensés se contentaient de regarder ailleurs le plus tôt possible, évitant tout eye-contact, quand les plus téméraires observaient discrètement en prenant l'initiative de changer de trottoir tout de même.

La porteuse de madeleines ralentit l'allure en entendant la question que lui posait sa camarade, un sourire prédateur pointant sur le bout de ses lèvres. Un notaire ou un banquier, elle s'en léchait d'avance les babines. En le choisissant bien, elles pourraient peut-être obtenir le même résultat qu'avec Bruce mais plus appétissant encore. Le même, mais accompagné d'une généreuse tartine d'argent en supplément. Un détail lui revint en tête cependant, vu le degré extrême d'amélioration dont avait bénéficié Bruce, il valait mieux éviter de taper trop haut trop vite. Avec ordre et méthode. C'était scientifique après tout. Tapotant son menton de son index et son majeur, elle laissa vagabonder son regard en l'air pour suivre le fil de ses pensées.


- Hmmm... J'aime l'idée du banquier... Mais il faut que nous fassions attention à ne pas mettre la charrue avant les tauros, il faut que ce soit sadique, non-consensuel et punitif. Donc il faudrait trouver quelqu'un de gentillet, loudeau et intimidable, vous voyez le genre ? Un peu couillon, incompétent mais persuadé de sa bonne volonté. En mot u...

Elle fut interrompue alors qu'une voix inconnue réussissait à passer au dessus de la sienne pour l'interpeller, tant elle que sa voisine. Une interruption qui arrivait in extremis sachant la manière dont la jeune femme avait envisagé de terminer sa phrase. Parce que s'il y avait un type de personnes qui attirait toute son inimitié et auxquelles elle aurait adoré enfoncer des pâtisseries au fond de la gorge, c'était les membres de la ligue. Un discours qu'il n'était pas très malin de tenir lorsque l'on ne sait pas en quelle compagnie on se trouve, détail auquel elle n'avait pas vraiment réfléchi, porté par son enthousiasme. Heureusement, l'incident diplomatique fut esquivé par l'intervention d'un nouveau protagoniste. Et justement, en parlant d'enthousiasme...


- BONJOUR MESDAMES ! Excusez moi, vous avez l'air suuuuuper chargées et pas mal occupées mais est ce que vous m'accorderiez juuuuuuste une toute petite minute ?

La prisme se retourna vers le type, l'air incrédule et condescendant à l'idée que quelqu'un puisse faire preuve d'autant d'inconscience, de naïveté et de non-considération pour la vie privée de ses concitoyens. Elle lâcha sèchement pour mettre fin à l'échange peu naturel.

- Non.

Puis elle se retourna vers sa collaboratrice pour revenir à ses sadiques desseins. Elle remarqua néanmoins les regards fuyants des personnes qui passaient non loin d'elles et détectait quelque chose de différent par rapport à tout à l'heure. Les gens cherchaient toujours à ne pas se faire remarquer mais la raison ne paraissait plus être uniquement le duo de sorcières psychopathes à théières. Lorsque le type se remit à parler malgré les signes clairs que son interlocutrice venait de lui faire parvenir, elle compris ce à quoi elles avaient à faire. Un tee-shirt rose teinte rondoudou-écrasé-contre-un-mur, cheveux effet coiffé-décoiffé, une barbe non entretenue pour se donner un air naturel et amical, des lunettes à verres correcteurs commerce-équitable, un pantalon en lin qui n'avait jamais connu de fer à repasser de sa vie et enfin un porte documents usé qui portait le même logo que son affreux haut. Sans oublier cette manière de s'exprimer qui mêlait enthousiasme surjoué, tentatives de persuasion gênante et légères intonations culpabilisantes. Un démarcheur de dons pour une ONG.


- Je me présente, moi c'est Tony, enchanté ! Du coup j'travaille pour les Resto du lovedisc et j'me suis dit direct, quand j't'ai vu quelque chose comme "whaaa cette femme elle a de la classe, elle s'assume, j'suis sûr elle adhèrerait trop à l'asso si on lui demandait genre". Alors l'asso...
- On est effectivement très chargées et très occupés, c'est pas le moment Paul. Elle adressa de nouveau son attention à sa compagne. Qu'est ce que je disais moi ? Ah oui, un banquier du coup ? La rue de la bourse n'est pas très loin, si on en coinçait un sur un toit...  
- Tony... Alors je comprend totalement mais juste, super rapide...
- Chut. Une petite pause. Tu te tais maintenant.

Une interjection simple, efficace, suintant la pédagogie hautaine mais qui fit rapidement ses preuves. Pris de court, Tony, Antoine Baitta pour les intimes, perdit le fil de sa phrase et resta planté sur place sans savoir que faire. Il observa les deux jeunes femmes s'éloigner de lui, leurs sacs et caddys s'éloignant tristement comme la promesse d'un été perdu sous la pluie. Ses dons s'en allaient et avec eux la moindre chance qu'il puisse tirer quoi que ce soit de cette journée. Mais ? Que vit-il ? Non seulement des denrées les deux dames transportaient aussi des marchandises hors de prix ? Foi de Paul, c'était Arceus qui testait sa volonté à aider les miséreux en incommodant des inconnus dans la rue ! Avait il reculé quand ce type en jogging lui avait craché au visage, souillant sa barbe éco-responsable ? Non ! Et s'était il découragé quand la petite Annie, 4 ans, lui avait donné un coup de pied dans le tibia sur ordre de sa mère ? Pas du tout ! Il avait et ferait face ! Les gens dans le besoins mangeraient des madeleines ce soir. Les deux femmes semblaient s'être approchées d'un banc, celle en blazer posant ses sacs pour étirer ses membres de toute évidence. Le démarcheur cessa son avancée en la voyant tendre les bras vers le ciel. Elle ne portait pas de pantalons ? Et la seconde était enlacée par sa robe moulante... Une petite goutte de sang allait elle perler ? NON ! C'était un emmerdeur, un vrai, un emmerdeur des restos du Lovedisc après tout il ne devait pas se laisser déconcentrer pour si peu.

- Mesdames ? Meeeesdaaames ! Mesd'moiselles plutôt ? Je reviens quand même vers vous deux j'ai vu tous vos sacs et j'me dis quand même...

Un nouveau hochement de sourcil, un nouveau regard hautain.

- Paul. Qu'est ce qu'on vient de dire sur tes interventions ?

Pris de court il hésita un instant.

- Heuuu... Que... Qu'elles devaient cesser ?

La jeune femme ne répondit que par un froncement de nez qui soulignait son hochement de tête faussement appréciatif. Elle allait ramasser ses sacs et repartir, il fallait agir vite.

- Non mais vraiment, j'suis suuuuuuur que vous allez adhérer au concept, juste une petite signature et un petit don pour faire des dizaines et des dizaines d'heureux. Allez, vu ce que vous avez dépensé c'est rien un petit don, non hein ?

Soupir de la blonde. Enfin était ce du blond ? Du blanc plutôt... tant pis, il devait se rendre à l’évidence, il rentrerait bredouille de cette opération. C’était tellement injuste, il avait suivi la méthode à la lettre, qu’est ce qui pouvait poser problème ? Il irait noyer son chagrin chez lui avec une bonne tisane d’ortie bio sans sucre et sans gluten. Quoi que… elle adresse un regard à la seconde femme, elle souris… son sourire fait un peu peur mais il n’était pas placé sur cette terre pour juger l’apparence d’autrui, on est tous frères et sœurs d’une grande et belle humanité après tout. Elle se tourne vers lui, son sourire s’agrandît et elle lui fait signe de s’assoir. Son pokemon se repose dans le dos du banc, une bien drôle perspective, comme s’il était prêt à le contraindre si besoin ? Quelle idée farfelue, après tout les pokemons aussi étaient leurs frères. Sœurs. Cousins moustachus. Borgnes. Baveux…

- Reprenez depuis le début Paul, on est toutes ouïe. Une petite madeleine ?

Tient, elle le vouvoyait maintenant ? Par contre son nom c'était toujours pas Paul. Pas très grave, il avait encore réussi c’était le principal. Et il avait un petit creux, cette sucrerie tombait décidément à pic. Il n’y avait rien de suspect à ce revirement de situation n’est ce pas ? N’est ce pas ?
Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Mer 6 Juil - 17:55
Violet
Violet
7
23/05/2022
La mort vous va si bien - Championne Poison
Violet avait suivi le manège de Paul sans sourciller. Enfin, sans trop sourciller. Sa paupière gauche avait sursauté une fois ou deux avant que l'esprit juvénile de l'alchimiste ne s'égare dans des océans de rêveries dans lesquels elle surfait à dos de Sharpedo sur des marées de corps inertes de démarcheurs d'ONG de tous âges et de toutes couleurs. Violet ne discriminait pas. En général, la voix de la raison arrivait à ce moment là sur la plage, avec son mégaphone et son t-shirt rouge pétant et lui beuglait à la face un "T'ES UNE EMPLOYEE DE LA LIGUE MA CHERIE" qui la sortait immédiatement du délire et lui faisait reprendre conscience des réalités. Que faisait-elle là? Comment avait-elle pu se laisser porter de la sorte par son sadisme, ses mauvais penchants, et cette pimbêche à ses côtés? Nan, il fallait qu'elle se reprenne. Elle vallait mieux que ça! Elle était une héroïne, elle aussi. Elle défendait la veuve et l'orphelin! La Raison, les poings sur les hanches, acquiesca d'un air fier et satisfait.

Puis Paul revint à la charge.

La Raison laissa tomber son mégaphone et quitta les lieux avec une levée de bras qui pouvait se traduire, dans toutes les langues du multivers, par "et merde."

Sous les pieds du démarcheur, l'ombre de Violet s'était étendue jusqu'à rejoindre la sienne. Personne n'allait le remarquer bien sûr, c'était discret. Et le soleil était encore loin d’entamer sa descente crépusculaire. Pour autant il pu sentir quelque chose peser sur lui. Quelque chose de presque physique, palpable.

Deux ombres de mains crochues apparurent sur ses épaules, plates et sans volumes, comme si elles étaient directement projetées sur son corps.


"Allons allons, très chère. Notre ami ici présent doit avant tout mourir de soif après un tel discours, non, après une telle journée de dur labeur."

"Ouaaaais c'est bien vrai ca mademoiselle, je savais qu'on pourrait finir par s'entendre, c'est gentil à vous, du coup je vous disai-"


Paul s'interrompit lorsqu'il vit la brune se saisir d'une théière d'eau si bouillante que la fumée s'échappait encore du bec verseur et en remplir à ras-bord un mug dans lequel on avait fourré six sachets de thé. Puis elle posa le récipient sur le plateau, garda la tasse en main, et attendit avec un sourire satisfait. Après quelques longues secondes, Violet eut l'obligeance de préciser :

"Il faut que ça infuse."

Ok, c'était louche. Chelou même. Dans l'immense majorité des cas, les gens l'ignoraient. Les plus habiles des chasseurs avaient la fâcheuse tendance à être atteint d'une cécité très handicapante quand un démarcheur quelconque se manifestait. Il avait appris à ne pas s'en offusquer, c'était ainsi que fonctionnait le monde. Certains métier bénéficient de cette aura, comme les contrôleurs de bus, les policiers ou les clochards : on ne les remarque toujours que quand c'est trop tard. Mais il en avait pris son parti. Parfois, quand les astres étaient alignés, ils finissaient la journée avec deux ou trois dons et des sourires polis. Et quand, une fois seulement dans toute leur existence en moyenne, ils croisaient le chemin d'un collègue en repos, ils avaient même le droit à un peu de compassion et d'empathie. La plupart ne se relevait pas de ce troisième événement, le choc culturel était trop fort.

Mais jamais au grand jamais d'illustres inconnus pleins aux as ne s'arrêtaient pour lui sourire et pour être gentil avec lui. Jamais. Genre vraiment jamais. Ca sentait le coup fourré. Les sadiques en puissance, ou le genre de femme contre lesquelles la grand-mère de Paul avait toujours essayé de le mettre en garde. Il n'aimait pas ça. Ca faisait honte à la profession, mais il devait battre en retraite.

Aussi voulut-il s'excuser, s'éclipser et essayer de trouver une autre cible à harponner avant que ces deux mégères n'appliquent sur lui leur...""""gentillesse""". Mais il n'y parvint pas. Ses jambes ne lui répondaient plus. Il baissa les yeux vers le sol et vit son ombre, désormais infiniment longue et connectée à celle de la brune, de laquelle jaillissaient des petits filaments noirs qui enlaçaient ses pieds. Dans son dos, une forme épaisse émergea en ricanant. Le Spectrum de Violet s'assurerait qu'il resterait parfaitement immobile pour la suite des évènements.

"Ting."

Lança la Championne avec un grand sourire dans l'espoir d’imiter la minuterie d'un micro-onde: La tisane avait fini d'infuser.
Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
Lun 11 Juil - 20:42
Asmoday
Asmoday
18
17/05/2022
El Tango de Roxanne

Le regard de la victime des deux femmes commençait à changer. De confort il passait au doute, et du doute il passerait bientôt à la peur. C’était prévisible mais il ne pouvait s’en prendre qu’à lui même puisqu’après tout, c’était lui qui était revenu à la charge à de multiples reprises. Ni a t’il pas un proverbe quelque part disposant avec plein de sagesses qu’il ne faut pas chatouiller un dragon qui dort ? Ou peut être était-ce un slogan ? Peu importait, l’image et le message restaient le même : évitez de venir vous plaindre des conséquences de vos conneries.

Asmoday rayonnait toujours, assise au coté du démarcheur avec un de ses sacs de petits gâteaux sur les genoux. Elle lui en avait tendu un premier, scrutant sa consommation en hochant la tête comme passionnée par ce que le pauvre type avait à raconter. Elle n'avait pas remarqué le manège qui se tramait à leurs pieds, ne portant que peu d'attention à l'ombre de sa camarade de méfaits, mais voyait qu'elle avait l'air perdue dans ses pensées. Posant un coude sur le dossier du banc, elle se mit de profil et appuya sa tête sur le dos de ses doigts d'un air toujours aussi exagérément captivé par un type qui n'avait pas encore réussi à aligner plus de deux phrases complètes. A peine la première terminée, elle lui en glissa une seconde dans la main, seconde qu'il avala goulument avant que la seconde femme ne reprenne la parole. Vu le sourire sadique à en donner des cauchemars aux enfants qu'elle affichait, elle était prête à se saisir de l'occasion qui leur était servie sur un plateau sans aucun état d'âme. Ce fut alors à ce moment qu'elle aperçu les ombres menaçantes qui glissaient le long des épaules du malheureux qui commençait enfin à comprendre ce qui se passait autour de lui ne tournait pas rond. Il affichait ce regard typique de proie réalisant l'ampleur du piège dans lequel elle était prise. Assez tôt pour comprendre que piège il y avait, mais trop tard pour s'en échapper. Ce fut à cet instant que la prisme se demanda si elles n'étaient pas en train de pousser le vice un peu trop loin. Après tout, elle s'était laissée emporter tout à l'heure au café mais était ce là une raison pour récidiver ? Qu'est ce que ses supérieurs diraient d'elle s'ils la voyaient agir ainsi au préjudice de l'image de toute l'organisation. Il fallait qu'elle se reprenne, si elle s'était trouvée en face de son admin référente, là tout de suite, comment aurait elle réagi ? L'admin d'obsidienne ne plaisantait pas avec ces choses là en général, elle l'aurait observée de haut sans doute avant de lui rappeler d'une voix caustique.


- Qu'est ce qui vous est passé par la tête ? Vous vous rendez compte des conséquences de votre comportement ? Vous faites partie des hautes sphères de cette team alors agissez comme tel pour une fois, vous avez une grande influence, un pouvoir de représentation. Et un grand pouvoir implique de... DE SE LA DONNER GRAAAAAAAAVE ! ALORS ENFONCEZ LUI CES MADELEINES DANS LA GORGES JUSQU'A CE QU'ELLES LUI SORTENT PAR LES OREILLES !! WHOOOOOO !


Hochant la tête, la jeune femme tendit une nouvelle pâtisserie au garçon dont elle avait oublié le vrai nom et qu'elle avait de toute façon renommé Paul. Oui ça ne faisait aucun doute l'Obsidienne aurait totalement réagit comme ça, aucune raison de penser autrement. Le ton, l'enthousiasme et même le volume sonore, c'était plus vrai que nature, elle pouvait donc continuer sur sa lancée sans haine et sans crainte.

Elle acquiesça alors la remarque de sa compagne concernant le temps d'infusion de la boisson satanique qu'elle tenait dans les mains. Parce que oui, vu le nombre de sachets qu'il y avait là dedans, les vapeurs qui s'en dégageaient et la personne qui tenait la coupe, la boisson devait obligatoirement porter le signe du malin quelque part. Souriant d'un air toujours plus mielleux, la demoiselle tendit une nouvelle madeleine à quelques centimètres du visage de leur victime.


- Reprenez donc un gâteau en attendant, ce n'est pas à vous que je vais apprendre qu'il ne faut pas gâcher la nourriture quand même...

Enfer et damnation, voilà que ses propres armes étaient retournées contre lui, il devait s'échapper loin de ces sorcières et vite. Il tourna la tête pour refuser la pâtisserie mais senti qu'à présent, ses jambes ne répondaient plus. La cizayox s'écarta de quelques pas alors que devant elle émergeait le spectrum à l'origine de l'entrave du garçon, une révélation qui entraina un discret ricanement chez la propriétaire de l'insecte. Voilà qu’il était pris en sandwich entre les deux femmes et s’il avait un jour dû imaginer cette scène, ça n’aurait pas été la tournure qu’il lui aurait donnée. Il n’avait pas le choix, le thé et la brioche finiraient forcément par lui être imposés, seul l’ordre était encore incertain. Pour l’empêcher de secouer la tête, la mante écarlate avait coincé les tempes du garçon entre ses pinces. La tasse brûlante s’approchait dangereusement de lui et il tenta de fermer la bouche le plus fort possible en pinçant ses lèvres vers l’intérieur et, comme dans un rêve, il entendit une voix qui interpella le groupe.

- Hey ! Ouais, vous là ! Qu’est ce qui se passe ?

La blonde se tourna vers la voix pour découvrir une femme, l’air contrariée et perplexe qui se rapprochaient vers eux. Clignant quelques secondes des paupières, la scène comme figée dans un arrêt sur image comique, elle répondit d’un ton qui n’inspirait ni le doute ni les soupçons.

- …. Rien ?…
- C’est pas un des bénévoles des restos du lovedisc ce type ?
- …….. non ?….

Pour empêcher le bénévole de participer à la conversation, sa tortionnaire enfonça la madeleine dans sa bouche au moment où il ouvrit les lèvres pour demander de l’aide à sa sauveuse, et garda sa main plaquée sur son visage pour empêcher le moindre son de sortir.

- Alors écoute moi bien ma grande, c’est vraiment ni le moment, ni tes affaires donc tu vas…
- Vous plaisantez ?? Bien sûr que c’est mes affaires, je le reconnais ce type, il s’appelle Tony.

La jeune femme déglutit. Si les choses prenaient cette tournure, elle n’hésiterait pas à aller au devant du conflit mais ça ferait tâche sur son dossier quand même et ça allait coûter cher. Au sens propre comme au figuré. Tony-Paul pendant ce temps, respirait mal à cause de la brioche sur laquelle il s’étouffait et de la main qui bloquait partiellement ses narines mais il regagnait espoir en l’humanité.

- Il m’a pris la tête pendant des plombes tout à l’heure ! J’ai raté un entretien d’embauche hyper important à cause de lui ! Un job de rêve foutu en l’air pour rien ! Et il m’a forcée à donner de l’argent pour son association !

Le visage de la jeune femme pris en flagrant délit s’adoucît soudain et ce fut avec un air de chat qu’elle tourna les yeux vers le type, puis le spectrum, puis sa dresseuse, puis son propre Pokémon, re leur victime et lança sur un ton chantant.

- Ah oui ? Tu as fait ça Paul ?

Il tenta de secouer la tête du mieux qu’il pouvait compte tenu de la main qui bloquait sa bouche, du Spectrum qui le hantait et du cizayox qui lui maintenait les tempes. La femme qui avait raté son entretient semblait de plus en plus énergique quant à elle.

- Alors c’est bien fait pour ta gueule Tony. Ou Paul, peu importe. Là je pourrais payer pour qu’elles te gavent comme un Groret.

La propriétaire de cabaret qui luttait contre l’hilarité regarda sa consœur avant de déclarer haut et fort.

- Mais n’hésitez pas ! Coup d’œil complice pour avoir une confirmation de sa dernière idée en date. Un thé et une madeleine à Paul, c’est un repas pour la bonne cause !
- Ffee m'abbelle bas Baul !!

La femme devant eux commença immédiatement à chercher de l’argent dans ses poches. Ses éclats de voix avaient attirés en plus du reste une petite foule de gens qui avaient eux aussi des griefs à reprocher à Paul-Tony à ce qui semblait. Ces derniers sortaient à leur tours des billets qu'ils agitaient en l'air comme des fanions. Il ne restait plus qu'une chose à faire pour les jeunes femmes, ou plutôt à continuer. Pour la science. Et pour la bonne cause aussi. Pour la bonne science quoi.
Re: Une sorcière dans la ville ]Asmoday[
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